Chansons douces
I) Il y avait un grand-père, là-bas tout au fond
Du bois dans la clairière, qui savait les chansons
Pour tout caractère et toute occasion :
Vole l’alouette, envole-toi
Vole l’alouette au-dessus des bois
Vole l’alouette au-dessus des blés
Vole l’alouette et tu auras volé
II) Les voleurs d’antan semblent sympathiques ;
Forbans et mendiants gardaient une éthique,
Mais les châtiments de la loi s’appliquent :
Vole mon Mandrin en sortant du bois,
Vole mon Lupin passant par les toits,
Vole l’hirondelle , trois p’tits sacs de blé,
Avant d’être battus, pendus, guillotinés.
III) Évêques et curés conservent un bon fond.
Oublie les bûchers de l’Inquisition,
Les perversités en institution :
Dominique est loué par Sœur Sourire,
Jacques, à sonner préfère dormir,
L’ bon Saint Nicolas sauve les enfants
Pendant qu’ Saint Eloi patronne le bon temps.
IV) Quand elle n’est mégère, la Femme est douceur,
Pauvrette ancillaire qui attend en pleurs
Prince ou légionnaire, artisan du bonheur :
L’une noie sa peine sous ses sanglots longs,
L’autre perd son hymen en coupant les joncs
Ou tisse sa laine, gardant les moutons.
Le corps d’une reine sous son cotillon.
V) Rois et noblesse sont de droit divin.
Mais princes et princesses, en tant qu’êtres humains,
Méritent notre tendresse s’ils ont du chagrin.
Cédant sa compagne Marquis est contraint,
Revenant de campagne Renaud s’est éteint,
Arthur n’épargne ses fils peu malins,
Et le roi d’Espagne reste un chaud lapin.
VI) Parfois l’on meurt pour sauver son pays ;
Gradés ou sapeurs en savent le prix.
Maudis déserteurs et pauvres conscrits :
La victoire en mer le 31 d’août,
Quels beaux militaires ! Tambours et Malbrouck
Qui partent en guerre dépourvus de doute,
Consolent les bergères avec toute la troupe.
VII) J’ai quitté la clairière tout ragaillardi
Sans pensée amère mais ayant acquis
Des idées bien claires dans un bon esprit :
Bâtir un chalet par la volonté ;
Rendre le respect aux autorités ;
Plus que satisfait par la société :
Je m’endors en paix sur mes oreillers.