
ÔGM
Jadis, au siècle dernier, y’a dix ou vingt ans
L’agriculture vivotait. Mais, heureusement.
Ces temps là sont révolus car, bonheur suprême !
Le Progrès est revenu grâce aux OGM.
Ils vont mettre au tapis misère et famine ;
Guériront les maladies rares ou orphelines ;
Si j’en crois le dépliant raseront gratis,
Nous f’ront gagner de l’argent, (et) régner la Justice.
Les OGM c’est super moderne et facile
Ceux qui pensent le contraire sont des imbéciles !
Les expériences en plein champ plutôt qu’en labo
Permettent à abeilles et vent de faire leur boulot.
Rien ne peut disséminer faut pas s’faire de bile ;
Les frontières sont bien gardées comme pour Tchernobyl.
La ravenelle et bientôt d’autres plantes sauvages
Résistent aux produits phyto. Comme c’est dommage.
La solution : faire confiance à notre industrie
Qui élabore en silence de futurs produits.
Les OGM c’est l’espoir d’un avenir béni
Ceux qui refusent d’y croire sont des abrutis !
Ils fabriquent l’insecticide dans chaque cellule,
Ou tolèrent l’herbicide et puis l’accumulent.
Sur la chaîne alimentaire tout ça se concentre
Et échouera sans mystère au fond de nos ventres.
Encadré par les brevets le paysan bio
Va perdre tous ses procès contre Monsanto.
Si son champ est envahi : l’est déjà coupable.
S’il va en justice c’est pis : il est condamnable.
Les OGM c’est génial un bond en avant
Ceux qui en pensent du mal sont des ignorants !
On a oublié d’ôter des plants transgéniques
Les gènes qui font résister aux antibiotiques.
Comme les microbes par milliards côtoient les racines,
Il faut s’attendre tôt ou tard qu’ils s’y disséminent.
Et si le saumon géant fraie dans l’Atlantique
Il deviendra dominant comme la Perche d’Afrique.
Bêtes et plants partent conquérir la planète entière.
Pas moyen de ralentir, ni de marche arrière.
Les OGM c’est aimable grandiose et beau
Ceux qui croient y voir le Diable sont des paranos !
Il n’y a vraiment rien à craindre. Même les grincheux
Ne trouvent pas à se plaindre : tout va pour le mieux
Le monde avec ses progrès ne tourne pas si mal.
La meilleure preuve est que c’est écrit dans l’journal. (bis)
