

« Ah ! Vous jouez de la guitare !
C’est pratique pour draguer les filles.
Vous êtes un sacré grand veinard,
Je vous envie. »
Ou d’autres phrases qui me prédisent
Succès en amour et jouissances
Ne sont qu’un tissu de bêtises
Quand j’y repense.
Bien sûr au faîte de sa gloire
- Au moins dans notre imaginaire -
Le chanteur séduit. Sa guitare
En bandoulière.
Car fidèle aux formes féminines,
Il tire de son instrument
Aux hanches pleines et taille fine
Des gémissements.
Mais la vérité est sordide :
Il se découvre le bec en l’air
Sexuellement dans un grand vide,
Dans la misère.
Donc pour courtiser – c’est navrant -
Tout musicien est à la peine
Qui se découvre innocent :
Les deux mains pleines.
Or une fois catalogué
Comme « gratteux » pour unique rôle,
Il s’y retrouve emprisonné,
En camisole.
Et j’ai beau suer sang et eau
Pour satisfaire ces imbéciles,
Ils me réclament des morceaux
Très difficiles.
Ni disponible ni choisissable
Je vois les couples qui se forment.
Seules restent les insupportables,
Ou les difformes.
Puis quand s’achève le concert,
Les couples partis pour l’horizon,
Je me retrouve solitaire.
Comme un … pigeon.
