
Velcome !
Mon vélo est le bienvenu !
Aux infos je l’ai entendu.
Il fortifie le cœur et les guiboles,
Épargne les réserves de pétrole.
Mais entre tracas et harcèlement
Qu’on lui inflige, il devient évident
Que mon vélo est bienvenu
Quand il ne sort pas dans la rue.
Avant les enjeux étaient clairs :
Fallait se défier des portières
Qui s’ouvrent, des autobus se rabattant,
Des oublieux du clignotant.
S’intensifiant autour du Tour de France
Les quolibets subtils chauffaient l’ambiance.
Personne n’aurait trouvé malin
De nous tirer comme des lapins.
Comme véhicule intermédiaire
On nous regarde de travers :
Ni piéton ni moteur … c’est agaçant ;
Il nous faudrait choisir notre camp.
À contre-feu, le piéton est imprudent
Mais le cycliste carrément délinquant ;
Qui même s’il fait très attention
Ne mérite que la prison
Les conducteurs perdent leur calme
Quand on effleure leur macadam.
Si je fonce à moins de 60 à l’heure
C’est le concert d’avertisseurs.
Ils voudraient qu’on comprenne coûte que coûte
Qui sont les vrais proprios de la route,
Qu’si on ne freinait pas leur chemin
Leurs 4x4 consommeraient moins.
Pour peu qu’on roule sur son trottoir
Le piéton jette des regards noirs :
Atteinte intolérable à sa personne
Que d’emprunter une rue piétonne.
Apeuré, il rameute ses bambins
Comme une poule protège ses poussins.
Faudrait pas le pousser beaucoup
Pour mettre des bâtons dans nos roues.
Une fausse sécurité s’impose
Qui confond l’effet et la cause :
Joli gilet jaune et casque imbécile
En crâne de ptérodactyle.
Comme pour marquer criminels ou lépreux
Nous subirons le casque d’un air niaiseux
Sur tricycles en jardin d’enfants
Et en vélo d’appartement.
Sur consigne la maréchaussée
S’amuse à nous verbaliser.
« Ce qui n’est pas permis est interdit ;
Je retire trois points au permis ».
Pour le Code, ils refusent encore d’admettre
Que l’esprit devrait primer sur la lettre
Mais peut-être ne possèdent-ils pas
L’esprit – pour comprendre la loi.
Subrepticement la petite reine
S’en va rejoindre l’ours slovène,
Les dodos, cœlacanthes et crapauds-lions
Ou autres abeilles en extinction.
Sous les encouragements de façade
On nous savonne la planche, on nous canarde,
Pour coupler notre enterrement
Au Grenelle de l’environnement.
