


Le fleuve s’épanouit au soleil de septembre
Dont les reflets d’argent irisent le paysage.
Il découpe bois et champs, contourne les villages,
Et s’énerve ou paresse au gré de ses méandres.
Quel plaisir d’y absorber l’esprit de la nature,
Qui déploie son éternelle et modeste puissance,
Y laisser, les yeux mi-clos, vagabonder ses sens,
D’y abreuver ses poumons d’une atmosphère pure.
Le zéphyr tourbillonnant cornaque un nuage
Gorgé de suie et de boue, arraché à l’usine.
Il balaye en s’essoufflant les senteurs des glycines
Qui s’effilochent, vaincues par celles de la décharge.
La robe des prés jadis camaïeu d’émeraude
Se fripe en jaunissant, se dégarnit, se mite.
La glèbe craquelée devient stérile et s’effrite.
Les berges aux buissons rabougris partout s’érodent.
Le flux qui a traversé plus haut quelque vasière
Roule un flot opaque nauséabond et maronnasse.
Dedans ses eaux mortes nul ne plonge ni ne coasse ;
Les rares poissons suivent le courant le ventre à l’air.
Le fleuve impassible poursuit sa course infernale,
Creusant ce que l’on n’ose nommer un paysage.
Ses reflets d’argent ne sont que des traits qui surnagent.
Le soleil refusant d’être complice se voile.
